الجمعة، 26 ديسمبر 2008

discours pour redeyef

On entend beaucoup parler ces jours-ci du bassin minier de Gafsa et spécialement de celui de Rdeyef et ce n’est pas un hasard. Mai si nous en parlons, ce n’est ni parce que on est originaires de la région, ni pour nos intérêts personnels, ni par communautarisme ou régionalisme, mais parce que la situation est devenue critique et il est urgent d’en prendre conscience.

Le bassin minier de Rdeyef est connu historiquement par sa grande résistance durant la période coloniale avant l’année 1956, et son opposition et sa lutte contre les injustices et les privations imposées par les régimes qui se sont établis après l’indépendance de la Tunisie.

Même s’il y a un lien entre cette région et la France, établi par la découverte des gisements de phosphates par les français les siècles derniers, s’il y un lien avec Nantes en particulier établi par les entreprises qui sont allées chercher de la main d’œuvre dans cette région dans les années 1970,
il ne faut pas oublier pour autant que cette région du bassin minier et de Rdeyef font partie intégrante de la république tunisienne indépendante.

Pour parler de ce qui se passe maintenant dans ce bassin, et de la politique d’exclusion manifeste à l’encontre de Rdeyef, il suffit de se rappeler un passage du discours de Mr le président Ben Ali où il promettait de planter du gazon dans un stade de football et de construire une caserne de CRS. C’est comme si la population du bassin qui lutte pour sa survie et pour avoir droit aux produits de première nécessité, n’avait d’autres préoccupations que de jouer au football avec les CRS sur une pelouse verte.

La situation dramatique que vit la région de Rdeyef cette année et précisément depuis janvier 2008, se distingue de celles des autres régions par son intensité et parce qu’elle dure dans le temps.
Elle est la conséquence directe des luttes menées par sa population contre les répressions incessantes des régimes depuis 1956 et bien auparavant.

Rappelons aussi qu’en 1980, il y a eu un mouvement similaire et il a duré environ 1 mois. Ce mouvement , malheureusement, n’a pas pu continuer par manque de maturité et parce qu’on a pas su unifier les forces de toutes les composantes politiques qui ont contribué à ce mouvement.
Pour cette raison, voulant tirer profit de cette expérience passée, nous avons choisi, femmes et hommes, de mener une lutte sociale sans calcul politique et de nous unir derrière l’UGTT qui est l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens.

Le mouvement est parti de Oum laâraïss, de Rdeyef, de Metlaoui et de M’Dilla. Les falsifications des résultats au concours d’entrée à la société des phosphates de Gafsa étaient la goutte qui a fait déborder le vase déjà plein de privations et d’exactions.
Le régime policier a fini par étouffé les mobilisations dans le bassin minier sauf à Rdeyef où la lutte courageuse a continué.
Cette lutte a donné naissance à des commissions de négociation avec le régime d’une part et entre le régime et les leaders syndicaux d’autre part. Sous cette pression, le régime a cédé provisoirement sur certains points dans les négociations comme par exemple sur l’embauche temporaire de quelques jeunes.
Mais chasser le naturel, il revient au galop, le régime a repris ses habitudes dans la répression et les intimidations. Il a mis tous les leaders syndicaux sous les verrous, a nommé un nouveau sous-préfet encore plus répressif et a annulé tous les accords passés avec les syndicats . (Notons au passage, que ces accords ont été écrits et conservés par les deux parties).
La seule méthode adoptée par les autorités, c’est la répression policière et le recours à l’armée. La seule issue pour la population est de descendre dans la rue pour défendre ses droits.
S’ensuit une chasse aux sorcières et la poursuite de tous ceux qui sont originaires de Redeyef même hors du bassin minier dans la république démocratique de Tunisie et même à l’extérieur de la Tunisie.
Le 06 Juin 2008, le feu vert a été donné à la police de tirer sur les manifestants à balles réelles et la conséquence tragique était la mort sur le coup d’un jeune de 26ans et la mort d’un blessé qui a été transporté à l’hôpital de Sfax. Un troisième a été tué en provoquant son électrocution alors qu’il manifestait à sa façon au sujet des falsifications dans l’embauche.
Une femme asthmatique a succombé à une bombe lacrymogène. Ces bombes lacrymogènes sont à défragmentation et sont destinées à chasser des animaux. Certaines de ces bombes n’ont pas explosées et la population a conservé quelques échantillons comme preuves.

Chers amis qui nous soutiennent dans cette lutte et amis ressortissants de Tunisie, Nous devons nous élever au rang des militants de Redeyef car nous avons entendu parler de l’audience devant le tribunal de Gafsa le 04/12/2008. Nous ne devons pas parler seulement des exactions que nous subissons les uns et les autres à l’entrée et à la sortie de la tunisie, et des humiliations aux points frontières, mais d’une seule voix en nous rassemblant pour desserrer l’étau autour des citoyens de Tunisie.


Afin de laisser la délégation témoigner de ce qu’elle a vu et constaté sur place, nous avons délibérément omis de parler de certains points comme les droits de l’homme, du rôle de la femme à Redeyef et comment elle a participé et guidé les manifestations comme celle du 27/07/2008, de son rôle comme mère, sœur et épouse dans ce mouvement social.

Vive la Tunisie libre et indépendante.



par Mohamed : Nantes

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